Avec la fin du voyage arrive le temps du bilan. Qui dit bilan dit statistiques. En dix mois de voyage, nous avons passé près de soixante-dix nuits chez l'habitant, une trentaine en hôtel/motel, quarante en camping ou dans le van, six dans l'avion, le bus ou à l'aéroport, soixante dans notre appartement à Münster et enfin une centaine en auberge de jeunesse ou guesthouse. Autant dire que nous avons l'habitude d'arriver dans un nouveau youth hostel. Quand notre réservation est vérifiée, c'est souvent le même logiciel qui s'affiche sur l'ordinateur de la réception. Ou plutôt devrais-je dire webiciel.

Certains japonais vous diront que leur pays n'est pas en Asie. Quand on arrive du Sud-Est asiatique, il est vrai que le contraste est saisissant. Après le réjouissant bazar thaïlandais et malaisien, Nihon apparait comme une merveille d'organisation et d'efficacité. En vérité, même en provenance d'Europe, le Japon fait forte impression. Une impression de modernité. Les trains et métros sont flambant neufs, toujours à l'heure (jamais en grève !) et rapides ; les toilettes semblent tout droit sorties d'une station spatial ; les téléphones portables donnent aux mobiles européens des airs de talkie-walkies des années 80.

La France est un pays cosmopolite. Si on remonte à seulement trois générations, la plupart d'entre nous sommes des étrangers. Au-delà de ce que nous connaissons dans l'Hexagone, on cite généralement les États-Unis comme exemple de pays métissé. Et pourquoi pas la Malaisie ? Le brassage ethnique y est fascinant : les malais sont tout juste majoritaire, les chinois très présents, les indiens aussi et on rencontre des indonésiens, des thaïs, des occidentaux, etc. Cela donne au pays une culture riche et multiple. C'est particulièrement évidemment pour la cuisine, délicieuse et variée, mais c'est aussi vrai pour la musique.

Quoi de plus aseptisé qu'un aéroport international ? Depuis près d'un an, je les fréquente régulièrement et ils se ressemblent tous. De Londres à Brisbane, en passant par San Francisco ou Auckland, ces temples de la mobilité moderne ont tous les mêmes attributs : des boutiques de souvenirs, des magasins duty-free proposant parfums et spiritueux, des passagers en transit à la recherche du meilleur spot où dormir quelques heures. Sans oublier des publicités pour des opérateurs de téléphonie mobile. Car pour beaucoup le premier réflexe à la descente de l'avion est d'allumer le précieux téléphon.

Une semaine à la campagne, quoi de mieux pour se reposer lors d'un si long voyage ! Enfin, c'est sans compter sur les six heures quotidiennes de travail. Nous sommes en effet à Kin Kin dans le cadre d'un Help Exchange (voir dossier "Vues de profil").
Ici dans le fin fond de la campagne du Queensland, l'Internet est fourni par Big Pond via le réseau sans fil Next G, deux marques du groupe Telstra. Faisons connaissance avec le France Télécom (pardon, Orange) australien.

Pourquoi es-tu en Australie ? Work & travel.
Why are you in Australia? Work & travel.
Warum bist du in Australien? Work & travel.

Les nationalités diffèrent mais le visa est toujours le même. Les 18-25 ans affluent en masse vers l'Australie pour profiter du visa vacances travail qui permet de financer six mois ou un an de voyage avec des petits boulots. Ces jeunes voyageurs ont leurs icônes : le sac à dos, les tongs, le campervan et Gum Tree.

"Welcome to Paradise". Voilà comment m'a accueilli le douanier des îles Cook à la sortie de l'avion. C'est donc ça le paradis, les îles Cook ? Quinze petites îles perdues au milieu du Pacifique sud, éloignées parfois de mille kilomètres les unes des autres. Rarotonga, l'île principale, ne fait que trente kilomètres de circonférence et compte 8000 habitants (12 000 pour l'ensemble du pays). Les îles Cook ont des lagons aux eaux turquoises, des palmiers et cocotiers, des plages de sable blanc mais, au-delà des clichés de carte postale, n'est-ce pas leur isolation qui font d'elles un paradis ? Pour les touristes de passage, sans doute, mais pour les locaux, c'est peut-être au contraire un enfer.

Google ? Mountain view. Facebook ? Palo Alto. eBay ? San Jose. Yahoo! ? Santa Clara. La longue liste des entreprises de la Silicon Valley nous porte à croire que le web, cette toile, n'est tisée qu'au sud de la baie de San Francisco. La concentration des corporations de l'Internet y est telle qu'on associe volontiers le web à la côte et au soleil californiens. Pourtant, le réseau des réseaux est bel et bien mondial. Et peut-être apprendra-t-on à associer Internet au Rhin, à une gigantesque cathédrale noire... et à la bière bien sûr.

Bienvenue en Thuringe, le cœur de l'Allemage. Tant son cœur géographique (la capitale, Erfurt, est à moins de 400 kilomètres de toutes les métropoles du pays) que son cœur spirituel. C'est en effet en Thuringe, à quelques pas d'Erfurt, que se trouve la ville de Weimar. Les grands hommes s'y pressent depuis le XVIIIème siècle : les poètes Goethe et Schiller, les musiciens Bach, Strauss et Wagner, les peintres Kandinsky et Klee, le philosophe Nietzsche, Marthin Luther et les fondateurs du mouvement architectural Bauhaus. Sans oublier Nina Hagen ! La Thuringe est ainsi au cœur de l'histoire allemande, pour le meilleur... comme pour le pire. Le camp de concentration nazi - mais aussi goulag soviétique de 1945 à 1950 - de Buchenwald n'est qu'à huit kilomètres de Weimar.

... à Trogir bien sûr ! Cette auberge de jeunesse est un "new kid on the block" comme dirait le Lonely Planet. Elle est petite, conviviale et moderne (accès wifi gratuit et illimité). Tout ça à deux pas de Trogir, cette ville-île magnifique classée au patrimoine mondial. Bref, Trogir comme son hostel étaient une excellente destination.

Le voyage a commencé, ou plus exactement, très bien commencé. C'est sous le soleil italien que débute ce tour du monde et, avec lui, arrivent les premières nouvelles de l'Internet from abroad.