Mobiles et versatiles
Sans transition, retour en 2009. A Erfurt comme ailleurs, l'Allemagne contemporaine offre un visage bien moderne. Elle fait même partie du club très fermé des pays qui compte plus de téléphones portables que d'habitants. 1,28 téléphones* par habitant pour être précis. Quelques centièmes de plus et la Finlande, pays de Nokia, serait détrônée. Nous autres français sommes plus terre-à-terre avec nos 0,93 téléphones* par habitant (mais, soyez rassurés, nous nous rattrapons allègrement sur les vaches : une pour trois habitants).
Pour parler de leurs nombreux téléphones, les allemands préfèrent le terme Handy au banal Mobiltelefon. Son origine reste floue même s'il est évident que le mot anglais handy (pratique, à portée de main) y est pour quelque chose.
Avec un tel engouement pour la téléphonie mobile, on pourrait facilement croire que l'objet à la mode est ici, comme de l'autre côté du Rhin, l'iPhone d'Apple. Pourtant en un mois passé en Allemagne, je n'ai vu que deux personnes iPhone en main et aucune publicité pour ce smartphone. Comme nous l'avons vu précedemment en Italie, la part de marché de l'iPhone est en effet bien supérieure en France (2,9% contre 1,8% en Allemagne selon mes estimations).
Au-delà des chiffres, l'iPhone a probablement moins déclencher les passions. Dans l'entourage de mon hôte Jörn, seuls les aficionados de la marque à la pomme ont fait le choix de passer à l'iPhone et à T-Mobile, le revendeur exclusif. Les jeunes allemands que j'ai rencontré sont tous des partisans de O2, qui est à Telefónica ce qu'Orange est à France Telecom. A savoir un opérateur de téléphonie mobile britannique racheté à prix d'or et devenu marque principale (même si Telefónica a choisi de maintenir la marque Movistar en Espagne et en Amérique latine). O2 aussi a fait le choix de l'exclusivité, avec Palm, pour le nouveau Palm Pre. Pour la presse allemande, il s'agirait là du principal rival de l'iPhone. Dans les rues d'Erfurt, le Palm Pre s'affiche en tout cas bien plus que son concurrent.
Les experts parlent du marché allemand comme étant arrivé à maturité, voire même à saturation. La guerre des smartphones n'en est ainsi qu'à ses débuts car seul l'internet mobile (aussi appelé data) est en croissance.
Une différence majeure avec le marché français est la saine concurrence qu'il règne en Allemagne. L'effet sur les prix est indéniable. A titre d'exemple, j'ai obtenu une carte SIM avec 5 EUR de crédit (9 centimes la minute/SMS) pour... 4.90 EUR. Comment dit-on "vente à perte" en allemand ?
* : on ne peut vraiment parler de téléphone. Le chiffre exact de l'International Telecommunication Union porte sur le nombre de contrats de téléphonie mobile.