J'ai surfé à la bibliothèque d'Otautau

Bookmark and Share
J'ai surfé à la bibliothèque d'Otautau
J'ai surfé à la bibliothèque d'Otautau
Sous un vent à décorner les boeufs (southerlies, tout droit venu d'Antarctique), nous venons de longer la côte méridionale de la South Island néozélandaise. Jamais je n'ai été aussi au sud du globe. Serait-ce la dernière terre avant le continent blanc ? Non, la Nouvelle-Zélande compte une troisième île d'importance, encore plus au sud que l'île du Sud, Stewart Island. Ce nom ne vous dit rien ? Eh bien à moi si ! Voilà près de dix ans que je connais l'île aux kiwis. Tout ça grâce à un devoir universitaire.

Elève Lefeuvre, au tableau !

En 2001, nouvellement bachelier, je me rendis dans la métropole de l'Isle d'Abeau pour y étudier Internet à l'IUT Service et Réseaux de Communication. Le cursus était loin de se limiter à l'informatique. Toutes les composantes du web étaient enseignées, y compris la communication. C'est pour cette matière qu'une étude comparative de trois sites nous a été demandée. Avec mes compères de l'époque, nous avons choisi de travailler sur les sites de trois îles bien différentes : Tahiti, les îles Faroe et Stewart Island bien sûr. Pour ceux que ça intéresse (Dieu sait qu'ils sont nombreux), voici  l'étude complète mais j'aimerais surtout attirer votre attention sur la conclusion intitulée "Internet et insularité" :

Est-ce qu'Internet modifie le monde que nous connaissons ? Est-ce que le réseau des réseaux est à l'origine de logiques nouvelles dans les relations entre hommes à travers la planète ? Peut-il transformer la physionomie de territoires entiers ? Bref, le virtuel a-t'il une incidence sur le réel ?

En conclusion à cette étude, ces quelques questions peuvent être posées, à travers l'illustration que nous donnent ces sites îliens. Au regard de plusieurs éléments, ils nous semblent évidents qu'Internet est en train de révolutionner les rapports humains. Un exemple nous a particulièrement marqué, celui de Stewart Island.

L'île du Southland de la Nouvelle Zélande était jusqu'il y a 5 ans une belle inconnue, dès que l'on s'éloignait – un tant soit peu - de ses côtes. Or depuis ces dernières années, cette communauté de quasi ermites connaît une véritable révolution. Elle s'ouvre au monde. Mais par quel intermédiaire, par quel média ?
Les télévisions, radios et journaux du monde n'évoquent toujours pas cette terre lointaine. Ces 300 habitants n'ont pas les moyens de faire découvrir leur île par le biais de médias traditionnels. C'est Internet qui a changé le visage de l'île, ou plutôt qui l'a dévoilé.

Désormais, Stewart Island existe. Via Internet, à n'importe quel point de la planète, on peut apprendre plus sur l'île aux Kiwis, sa culture, son histoire, sa géographie et – pourquoi pas – s'y rendre pour un séjour plus ou moins long. Ce patrimoine a toujours existé mais Internet lui permet de vivre. Si bien que sur l'île, tout le monde s'est emparé de cet outil incroyable de développement. L'impact est tel que les médias traditionnels commencent à parler de la petite Stewart (article dans Courrier International dernièrement).

Pour les îles Féroé, Internet a également modifié leur rapport à leur insularité et à leur identité. Ses habitants cultivent leur autonomie sur Internet, se créée un espace virtuel indépendant du Danemark (avec le .fo par rapport au .dk). Internet, une fois encore, amène des processus nouveaux. Bientôt, seront-ils peut-être politiques ?

L'insularité avec Internet ne sera plus jamais la même. La mer, l'océan, les distances ne sont désormais plus que des contraintes, que le Web ou le email évitent sans problème. De la mer d'Islande à l'océan pacifique, des territoires émergent pour une deuxième fois dans leur histoire.
Au départ, ils ont connu leur existence physique. Désormais, leur existence virtuel leur ouvre la porte de la reconnaissance planétaire. Ces bouts de terre au milieu des mers ne sont décidément plus le bout du monde.

Alors Monsieur Lefeuvre toujours la même opinion dix ans plus tard et après être passé à quelques encablures de Stewart Island ? Notre propos de l'époque est à nuancer. Il est un peu trop idéaliste quant au véritable impact d'Internet. Certes, la toile permet aux habitants de Stewart Island de rester en contact avec le monde extérieur malgré leur isolement tout au bout de la Nouvelle-Zélande (et même gratuitement à la bibliothèque !). Elle joue aussi un rôle essentiel pour la principale activité économique, le tourisme.

Mais pour autant le web n'a pas donné à Stewart Island une renommée mondiale. Elle reste une belle inconnue, dès que l'on s'éloigne – un tant soit peu - de ses côtes. Ce qui pourrait améliorer sa notoriété, ce sont bel et bien des méthodes plus traditionnelles de communication : relations publiques, presse, publicité. Internet aide - énormément d'ailleurs - mais cela n'en fait pas la baguette magique du monde de la communication. Il est la plupart du temps approprié de l'utiliser dans le cadre d'une campagne de promotion globale et plurimédia.

Alors, quelle note me donnez-vous ?

5 commentaires
  • Commentaire par stefanoute74
    Lundi 22 mars 2010 17:02
    Vingt sur vingt (prononcer les "t")!!!
  • Commentaire par Antoine Hebert
    Lundi 22 mars 2010 17:19
    +1 :)
  • Commentaire par Thierry ROBERT
    Mardi 23 mars 2010 09:08
    Bonjour Antoine,
    Je suis avec plaisir et interet ton tour du monde. Je suis aussi toujours en déplacement mais ... seulement autour de notre bonne vielle Europe.
    Merci pour tes billets et ton regard techno...
    A bientot
    Thierry R- Isle d'Abeau
  • Commentaire par Antoine
    Jeudi 25 mars 2010 01:14
    Merci Thierry pour ton commentaire. A très bientôt sur le blog.
  • Commentaire par Super solo
    Jeudi 22 avril 2010 15:21
    Je te donne le "la" pour continuer à nous chanter une si belle partition qui me captive !
Laissez votre commentaire :