Small Gear, Big Party
Fût un temps, la bande son de nos fêtes demandait un matériel volumineux. Une chaine hifi, des baffles et des piles de CD. Difficile dans ces conditions d'improviser un sound system. Depuis nos téléphones sont devenus portables, nos ordinateurs aussi et, enfin, nos enceintes. Voici le X-Mini Capsule Speaker, l'enceinte qui tient dans votre main, mais à éloigner de vos oreilles. Branchez-la à un netbook, ces mini ordinateurs portables conçus pour le surf nomade, et vous obtenez une chaine hifi format A4. Sans compter que la musique aussi a fait une cure d'amincissement. Au point de se dématérialiser complètement. Adieu vinyles, cassettes, CD, iPods, bienvenue Deezer, Spotify et Last.fm.
La démocratisation du haut-débit a ouvert la voie à la musique en ligne. En France, c'est avec Deezer (anciennement BlogMusik) en 2007 que tout a commencé. Il est alors devenu possible d'écouter n'importe quel morceau ou presque sans payer, sans pirater et sans télécharger. Oui, sans pirater, Deezer rémunère les artistes grâce à la publicité (visuelle, toujours pas de spots types radio) et via le SACEM. Pour l'instant, aucun abonnement n'est demandé aux utilisateurs, même si ce type de financement est bel et bien envisagé pour les téléphones mobiles.
Le succès de Deezer est loin de se limiter à l'hexagone. Toute l'Europe est conquise : 10 millions d'utilisateurs font de Deezer le leader. En Allemagne, chez Ana, Deezer a tourné une partie de la soirée. Cependant, le catalogue disponible en Allemagne est loin d'être aussi vaste que celui proposé en France. Environ la moitié de ma playlist, créée en France, ne peut y être jouée. C'est toujours mieux qu'en Slovénie où seuls semblaient être disponibles les artistes auto-produits.
Mais il n'y en pas que pour Deezer dans les fêtes and parties européennes. Les suédois de Spotify font beaucoup parler d'eux. Lors de leur récent lancement en Espagne, 800 000 personnes se sont inscrites en un temps record. Des choix différents ont été faits pour la musique en ligne venue du froid : un logiciel plutôt qu'un site, de la publicité sonore entre les morceaux et des formules d'abonnement. Ce modèle économique convainc d'ailleurs plus que celui des français. Leur potentiel aussi impressionne. Ils comptent 5 millions d'utilisateurs alors même que l'inscription se fait sur invitation. Spotify retient ainsi toute l'attention des médias. Critiques y compris. Le très influent magazine musicale NME publiait en septembre dernier un billet à contre-courant de l'euphorie médiatique actuelle.
Enfin, ce tour d'horizon de la musique est en ligne ne saurait faire l'impasse sur Last.fm. Les allemands (basés à Londres tout comme Spotify) sont les vétérans du circuit. Depuis 2002, leur site propose un DJ virtuel qui crée automatiquement une playlist à partir d'un groupe ou d'un style musical. Cette année, Last.fm a aussi adopté une formule d'abonnement et lorgne également du côté des radios wifi. Détail amusant : le .fm de Last.fm évoque bien évidemment la radio mais est en vérité un nom de domaine de Micronésie.
Vous avez maintenant le choix : Deezer, Spotify ou Last.fm. Ecoutez Jane Became Insane des Beatsteaks, savourez une pinte de bière (idéalement la Bitburger de Cologne), fermez les yeux. Ca y est, Sie sind in Deutschland.